
Crise de liquidité et Crash Crypto
Résumé exécutif
Le 10 octobre 2025, le marché des crypto-actifs a subi un véritable stress test de liquidité, provoqué par l’annonce surprise de Donald Trump de rétablir des droits de douane de 100 % sur les importations chinoises.
Cet épisode exceptionnel a déclenché une onde de choc immédiate sur l’ensemble des plateformes d’échange, révélant les fragilités structurelles d’un écosystème encore fortement centralisé et dépendant de quelques acteurs dominants — plus d’un tiers des volumes mondiaux étant concentrés sur Binance à lui seul.
Alors que le marché tente désormais de reconstruire sa liquidité et de réinstaller une dynamique de moyen terme, cette séquence invite à une lecture approfondie :
Comprendre les causes réelles de la dislocation, mesurer le degré de résilience des infrastructures, et replacer l’événement dans le contexte plus large de la tendance haussière de fond portée par Bitcoin, Ethereum et les actifs de référence de la capitalisation du marché des crypto-actifs.
1. Le Crash de liquidité
Le vendredi 10 octobre 2025, le marché des cryptomonnaies a subi l’un de ses épisodes les plus violents de ces dernières années. En moins d’une heure, le Bitcoin a perdu près de 18 %, l’Ethereum environ 22 %, et la majorité des altcoins ont vu leur valeur s’effondrer de 30 % à plus de 70 %.
Selon les données compilées par CoinGlass, plus de 19,5 milliards de dollars de positions dérivées ont été liquidées sur l’ensemble des plateformes centralisées en l’espace de 24 heures — un record depuis mars 2023.
Sur la partie décentralisée, DefiLlama évalue les liquidations cumulées à près de 480 millions de dollars, concentrées principalement sur les protocoles Aave, Morpho — soit moins de 3 % du total observé, confirmant la plus grande stabilité du segment on-chain face au choc.
Le déclencheur : une annonce politique et une position d’initié
Le déclencheur de ce “stress test” brutal est venu du champ politique : Donald Trump, a annoncé l’instauration de droits de douane de 100 % sur l’ensemble des importations chinoises, effectifs à partir du 1ᵉʳ novembre 2025.
Cette mesure, relayée par Bloomberg et Reuters [1, 2], marque la reprise ouverte de la guerre commerciale sino-américaine, après plusieurs mois d’accalmie.
Les nouveaux tarifs concernent notamment les produits technologiques, les métaux rares et les équipements industriels. D.Trump a justifié cette décision par la nécessité de protéger l’industrie américaine face à des pratiques jugées déloyales de Pékin.
L’annonce a immédiatement provoqué un choc de liquidité à l’échelle mondiale :
- Le yuan offshore s’est déprécié face au dollar,
- Le VIX (indice de volatilité américain) s’est envolé de près de 30 %,
- Et l’or a bondi à un nouveau sommet historique, entraînant un réajustement brutal des portefeuilles à risque.
Sur les marchés crypto, ouverts au moment de la déclaration, la réaction a été instantanée : les investisseurs ont arbitré massivement vers le dollar et les stablecoins, déclenchant une série de ventes forcées sur le BTC et l’ETH, et des débouclages en chaîne sur les produits dérivés.
Le délit d’initié : Une anomalie avant l’annonce
Plus troublant encore : plusieurs acteurs institutionnels, dont QCP Capital et Kaiko, ont observé l’ouverture d’une position short d’environ 400 millions de dollars sur les contrats à terme Bitcoin quinze minutes avant l’annonce publique de Trump.
Cette séquence d’exécution, atypique par son timing, a généré :
- Une pression vendeuse violente sur les carnets d’ordres,
- Un effondrement local des prix sur plusieurs agrégateurs,
- Et des écarts de spread dépassant 3 % entre plateformes majeures (Binance, Bybit, OKX).
Une question centrale : information et manipulation
Comment une position d’une telle ampleur a-t-elle pu être ouverte juste avant une annonce politique de cette nature ?
Trois hypothèses dominent :
- Accès privilégié à l’information : certains opérateurs, proches des cercles politiques américains, auraient obtenu des éléments de discours avant diffusion publique.
- Arbitrage algorithmique ultra-latence : des stratégies automatiques corrélant les signaux médiatiques, réseaux sociaux et flux gouvernementaux auraient détecté et anticipé l’annonce.
- Couverture macro anticipée : un fonds systémique aurait choisi de se protéger contre un scénario de choc protectionniste, en initiant des shorts massifs sur actifs risqués.
Quelle qu’en soit la cause, cet épisode révèle une vulnérabilité structurelle : la sensibilité extrême du marché crypto à la liquidité marginale et à la concentration de quelques acteurs dominants comme Binance ou Bybit
Ce “stress test” rappelle que le marché des crypto-actifs reste exposée à des mécanismes de propagation non régulés, où une seule position systémique peut, par effet domino, désancrer la formation des prix sans qu’une panique généralisée soit nécessaire
2. Structure de marché et dislocation de la liquidité
L’incident du 10 octobre 2025 a mis à nu les failles structurelles de la liquidité crypto.
Contrairement à la finance traditionnelle — où la profondeur des carnets d’ordres est assurée par des teneurs de marché multiples, des chambres de compensation et des mécanismes de stabilisation réglementés — la liquidité crypto repose sur un écosystème fragmenté mais interconnecté, dominé par une poignée d’acteurs centralisés.
CEX (Échange centralisé): Une dépendance excessive à la liquidité “cross-exchange” l’origine du chaos
Les principaux échanges (Binance, Bybit, OKX, Coinbase, Kraken) opèrent sur des carnets d’ordres distincts, mais étroitement corrélés par des agrégateurs de liquidité et des market makers transversaux.
Lorsqu’un choc violent survient sur l’un d’entre eux, les algorithmes de couverture désactivent leurs quotes pour éviter tout arbitrage défavorable.
Le résultat est immédiat :
- La profondeur de carnet disparaît simultanément sur plusieurs plateformes ;
- Les prix deviennent incohérents d’un marché à l’autre ;
- Les agrégateurs de données (CoinMarketCap, TradingView, Kaiko) peinent à afficher un prix moyen fiable durant plusieurs minutes.
Le 10 octobre, cette interdépendance a provoqué une cascade de désynchronisation sur les principaux échanges.
Certains utilisateurs n’ont plus pu accéder au marché, même avec des ordres déjà paramétrés en amont.
Plusieurs plateformes — dont Binance et Bybit — ont signalé des dysfonctionnements majeurs sur leurs API et une suspension temporaire de l’exécution d’ordres au marché, accentuant la perte de repères pour les opérateurs.
Marchés dérivés : la mécanique du risque amplifié
Sur les plateformes de produits dérivés (futures et perpetuals), la situation a été encore plus critique.
La majorité des positions étant financées à fort effet de levier (x10 à x100), la chute du prix spot a déclenché des liquidations automatiques en chaîne, amplifiant la pression vendeuse.
En moins de 45 minutes :
- Plus de 8,6 milliards de dollars ont été liquidés sur les marchés à terme BTC ;
- Des milliers de positions longues ont été désactivées par appels de marge ;
- Et certaines positions short gagnantes n’ont pu être exécutées, les systèmes de contrepartie ayant perdu toute cohérence de prix.
Cette défaillance révèle une limite fondamentale des CEX : la formation du prix sur les dérivés dépend de la stabilité du spot — et non l’inverse.
Lorsque le prix spot devient incohérent, faute de liquidité réelle, les algorithmes de liquidation continuent de s’exécuter mécaniquement, forçant des ventes à tout prix, sans considération pour la valeur fondamentale.
C’est ainsi que plusieurs plateformes dérivées ont brièvement affiché des prix inexacts — jusqu’à 5 % en dessous du marché agrégé — avant de revenir à la normale, générant des pertes bien réelles pour certains opérateurs.
Cette distorsion a suffi à provoquer une dislocation complète de la liquidité : le prix du Bitcoin s’est brièvement écarté de plus de 2 000 $ entre différents marchés spot, les teneurs de marché suspendant partiellement leurs algorithmes de couverture pendant plusieurs minutes.
3. Maturité de marché des actifs numériques
L’épisode du 10 octobre 2025 a agi comme un test de résistance grandeur nature pour l’écosystème crypto.
Derrière les volumes affichés apparente des instruments dérivés, cet événement a mis en lumière une fragilité structurelle : celle d’un marché dont la liquidité repose encore largement sur des infrastructures centralisées, interconnectées et dépourvues de mécanismes de stabilisation comparables à ceux des marchés régulés.
Une illusion de profondeur, une fragilité structurelle
En apparence, la capitalisation totale du marché des cryptomonnaies dépasse 2 500 milliards de dollars, et le Bitcoin est désormais considéré comme un actif institutionnel.
Pourtant, la liquidité réellement mobilisable — c’est-à-dire le volume pouvant être échangé sans altérer le prix — demeure dérisoire.
Sur la plupart des plateformes, la profondeur de carnet à 1 % du prix représente moins de 0,5 % de la capitalisation du token concerné.
Autrement dit, quelques dizaines de millions de dollars suffisent à déplacer significativement le prix d’actifs réputés « majeurs ».
Lors du choc du 10 octobre, cette liquidité de surface s’est instantanément évaporée, révélant une structure de marché plus spéculative que véritablement capitalisée : un environnement où le prix n’est souvent qu’une fonction de la liquidité disponible, et non de la valeur fondamentale de l’actif.
Une intermédiation opaque
La dislocation du marché met également en exergue une question centrale : qui contrôle la formation du prix ?
Encore aujourd’hui, la majorité des transactions restent concentrées entre quelques acteurs :
- Des market makers privilégiés, opérant sous contrat d’exclusivité ;
- Des exchanges qui contrôlent à la fois les flux, les cotations et la donnée ;
- Des agrégateurs dont les méthodologies de calcul varient selon les sources.
Ce modèle d’intermédiation entretient une illusion de liquidité.
Les volumes artificiels, les carnets d’ordres alimentés par des robots et les “wash trades” créent une dynamique de marché factice.
Le 10 octobre, lorsque les algorithmes de couverture ont cessé de coter, la liquidité réelle s’est réduite à néant, exposant la nature hautement centralisée d’un système qui prétend s’en affranchir.
Des plateformes d’échanges sans garde-fous
À la différence des marchés régulés traditionnels, la échanges centralisé d’actif numériques reste dépourvue de mécanismes de protection :
aucun circuit breaker pour suspendre la cotation en cas de panique,
aucune chambre de compensation pour amortir les défauts de contrepartie,
aucune supervision ex post des conditions d’exécution.
Ce vide structurel transforme chaque choc de liquidité en potentiel crise systémique éclaire.
Les pertes enregistrées le 10 octobre n’ont pas uniquement résulté de la baisse des prix : elles traduisent un effet de levier systémique, amplifié par les produits dérivés, les protocoles de lending et les agrégateurs interconnectés.
La leçon du stress test
Cet épisode révèle que hors des dix principaux actifs du marché, il n’existe pas de prix réellement défini.
La plupart des altcoins ont perdu entre 60 % et 90 % de leur valeur en quelques minutes, avant même que les flux de rachat ne se rétablissent.
Une telle dislocation serait impossible dans un environnement régulé traditionels, où la liquidité est garantie par des intermédiaires multiples et où la suspension temporaire des échanges agit comme pare-feu.
Le stress test du 10 octobre démontre que, malgré les progrès techniques, la maturité du marché crypto demeure encore incomplète :
- Une liquidité concentrée entre quelques acteurs,
- Une gouvernance technique encore opaque,
- Et une dépendance excessive à la confiance inter-plateformes.
Prudence et réévaluation du risque
Pour les investisseurs, la leçon est sans équivoque : la diversification en crypto ne doit pas être confondue avec la dispersion spéculative.
La part risquée d’un portefeuille — qu’il s’agisse d’altcoins ou d’instruments dérivés — doit faire l’objet d’un pilotage rigoureux, avec des ratios de gestion strictement encadrés.
Sans discipline ni contrôle du levier, une perte totale de capital peut survenir en quelques secondes, même lorsque des garde-fous techniques (ordres stop, limites, hedging) ont été mis en place.
Au-delà du Bitcoin et de l’Ethereum, la plupart des actifs numériques souffrent d’une faible profondeur de marché, d’une volatilité structurelle élevée et d’un risque de contrepartie souvent sous-estimé.
La valeur d’un actif numérique ne réside pas dans sa capitalisation affichée, mais dans la solidité et la pérennité de sa liquidité à travers l’ensemble des échanges. Une crise de liquidité d’une telle ampleur ne saurait être considérée comme une simple anomalie technique : elle remet en cause la capacité même du marché à protéger le capital investi.
4. Analyse technique : Bitcoin (BTC) après le stress test du 10 octobre
L’épisode de dislocation du 10 octobre 2025 a profondément marqué la structure technique du marché.
Malgré la violence du mouvement, les configurations de moyen terme conservent leur cohérence : le choc n’a pas remis en cause la tendance primaire haussière installée depuis le second semestre 2024, mais il a réinitialisé la dynamique et redéfini les zones de confiance des investisseurs.
La zone principale de renfort stratégique – identifiée dans notre précédent scénario comme la DCA Smart Zone (Stratégique) – a été presque atteinte en quelques minutes au plus fort du stress test.
Lors de notre dernière analyse, le niveau tactique de 111 000 $ est resté préservé en clôture daily, malgré un test extrême de la zone 101 000 $, correspondant au scénario alternatif tactique.
BTC/USDT
Daily chart Basis
Situation actuelle
Cours spot : 114 000 $
Structure dominante : consolidation haussière après purge de liquidité
RSI (21j) : 47,6 – en phase de normalisation
Volatilité (7j) : 41 % annualisée (contre 92 % au pic du 10 octobre)
La structure observée correspond à une correction technique ordonnée dans un cycle haussier de long terme.
Le rebond progressif autour de la moyenne mobile 89 jours (EMA 89) à 114 000 $ confirme que le marché a absorbé le choc sans rupture structurelle pour le moment.
Lecture technique
Le maintien du prix au-dessus de 111 000 $ en daily close demeure le pivot critique du scénario haussier dans les prochaines heures / jours
– Une zone de tolérance jusqu’à 109 000$ est défini pour le trading en horaire (scéance) –
Toutefois, la mise à jour post-stress test permet de conclure qu’il faudra attendre la réouverture complète des marchés traditionnels cette semaine pour confirmer ou invalider la poursuite de la dynamique haussière au-dessus de ce seuil.
Un glissement durable sous 111 000/109 000 $ ouvrirait la voie à un retour plus profond vers la DCA Smart Zone stratégique, comprise entre 101 000 $ et 88 000 $ maximum, soit la zone de convergence technique entre support oblique et cluster de liquidité moyen terme.
Pour l’heure, un scénario de stabilisation latérale reste privilégié :
Les dégâts sur la liquidité inter-exchanges ont temporairement affaibli le directionnel du marché, limitant la capacité des prix à reprendre immédiatement leur trajectoire ascendante.
Ainsi, une phase de consolidation entre les précédents sommets (≈ 129 000 $) et la zone de soutien 111 000/109 000 $ apparaît comme l’hypothèse la plus cohérente.
Cette latéralisation devrait précéder une reprise haussière progressive en direction de 140 000 $, la cible stratégique principale du cycle en cours.
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