
L'ONU va former les gouvernements à l'utilisation de la blockchain, sans se contenter d'en parler
Selon les grandes lignes du programme, il ne s'agira pas d'un exercice de "diapositives seulement". Les équipes du PNUD travailleront avec les gouvernements participants sur des cas d'utilisation réels qui se sont déjà révélés prometteurs dans des environnements pilotes : amélioration de l'accès financier pour les personnes non bancarisées en utilisant des crypto rails pour les transferts de petite valeur ; amélioration de la transparence dans les marchés publics et les projets communautaires ; et renforcement des systèmes d'identité afin que les citoyens puissent accéder aux services sans dépendre de fragiles dossiers papier. L'agence affirme avoir répertorié des "centaines" d'applications potentielles dans ses bureaux nationaux, et que plus de 20 pays ont déjà expérimenté des initiatives basées sur la blockchain. Maintenant, plutôt que de laisser ces pilotes rester isolés, le PNUD veut créer un moyen reproductible pour les ministères, les régulateurs et les agences de développement de les adopter.
La démarche intervient à un moment important de la vie politique de la technologie. La blockchain a atteint le stade où elle peut soit donner du pouvoir aux citoyens - en rendant les transferts d'argent moins chers, les dossiers plus inviolables et les dépenses publiques plus visibles - soit être intégrée dans des systèmes centralisés qui donnent aux gouvernements plus de contrôle sur les données et les transactions. L'article du PNUD lui-même reconnaît cette bifurcation : la technologie est neutre, mais les choix qui l'entourent ne le sont pas. La formation ne consiste donc pas seulement à apprendre à quelqu'un à rédiger un contrat intelligent ; il s'agit de donner aux fonctionnaires suffisamment de connaissances pour choisir des normes ouvertes, poser les bonnes questions sur la garde et la confidentialité, et éviter de confier des infrastructures critiques à un seul fournisseur. Dans les contextes de développement, cela peut faire la différence entre un service public résilient et un autre pilote brillant qui meurt lorsque le consultant s'en va.
Il y a aussi un sous-texte géopolitique. Alors que de plus en plus de pays explorent les monnaies numériques des banques centrales, les obligations d'État à jetons, les plateformes de paiement transfrontalières et les flux d'aide à traçabilité numérique, le risque est que les normes soient écrites pour eux, et non avec eux. Un effort de formation soutenu par l'ONU permet d'uniformiser les règles du jeu, en particulier pour les petits États et les États à faible revenu qui souhaitent se moderniser, mais qui ne disposent pas de grands ministères numériques. Si ces gouvernements comprennent comment évaluer les solutions blockchain, ils peuvent mieux négocier, s'intégrer plus facilement aux plateformes régionales et s'assurer que leurs systèmes restent interopérables avec les systèmes mondiaux. Cela réduit également la tentation d'opter par défaut pour des systèmes privés et autorisés qui excluent les citoyens ou les fournisseurs concurrents.
A un niveau plus pratique, l'intégration de la branche développement de l'ONU dans la conversation sur la blockchain rassure les décideurs politiques qui se méfient de la volatilité de l'industrie de la crypto-monnaie. Lorsque le sponsor est le PNUD plutôt qu'un émetteur de jetons, la blockchain ressemble moins à de la spéculation qu'à une infrastructure numérique. Ce cadre est important pour les ministères des finances, les banques centrales et les organismes de protection sociale qui doivent défendre les nouvelles dépenses informatiques devant les parlements et les auditeurs. Un programme structuré soutenu par l'ONU leur fournit une carte : voici ce qui fonctionne, voici ce qui a été piloté dans 20 pays, voici comment le gouverner.
En bref, l'ONU dit aux gouvernements : si vous continuez à attendre la clarté parfaite, vous manquerez la phase où les normes et les meilleures pratiques sont en train d'être établies. Mieux vaut apprendre maintenant, expérimenter en toute sécurité et décider par vous-mêmes si la blockchain, dans votre contexte, devrait pousser le pouvoir vers l'extérieur - vers les citoyens et les communautés locales - ou vers l'intérieur, vers un État plus centralisé.
Sources : Bitcoinsensus, "UN to Train Governments on Blockchain Use", citant les détails du programme du PNUD.